Mis à jour le
mercredi 3 mai 2000
Le peintre russe Vladimir
Liagatchev a consacré dix années de sa vie à la réalisation de
120 tableaux inspirés de La Divine Comédie, de Dante
Alighieri. Ce travail témoigne d'une « recherche de
l'interprétation artistique de cette œuvre majeure du
patrimoine de l'humanité ». « Les cent vingt tableaux
qu'[il a] réalisés accompagnent le voyage de Dante et
acquièrent une résonance dans l'actualité de cette fin de XXe
siècle et de son passage au troisième millénaire, avec ses
conflits et ses polémiques », souligne également
l'artiste. Depuis le 22 décembre, l'Unesco propose à tous les
internautes un voyage virtuel à travers ces 120 tableaux qui
correspondent aux différentes étapes du périple initiatique de
Dante.
C'est la première fois que
cet organisme organise une exposition de cette envergure sur
son site Internet.
Mais pourquoi avoir choisi le site de l'Unesco plutôt que
celui d'une des nombreuses galeries virtuelles qui se
multiplient sur le Web, pour exposer ces tableaux ? Pour
Philippe Quéau, directeur de la division de l'information et
de l'informatique de l'Unesco, dont l'équipe Internet a
réalisé ce site, la réponse est double. La Divine
Comédie fait indéniablement partie du « patrimoine de
l'humanité ». Sa mise en ligne sur le site de l'Unesco
répond donc à l'une des missions fondamentales de cet
organisme : promouvoir l'accès gratuit et universel à la
richesse commune aux peuples du monde. Par ailleurs, l'Unesco
entend montrer, à travers ce projet, les possibilités offertes
par les nouvelles technologies à la création artistique. Comme
le souligne Philippe Quéau, cette première grande exposition
virtuelle a pour objectif de démontrer que « la création
artistique n'a pas de frontières, et qu'elle se nourrit de
rencontres et de métissages ».
Le point de départ de ce voyage virtuel se trouve sur une
page d'accueil très graphique avec un globe terrestre aux
couleurs chatoyantes qui symbolise l'univers de Dante. D'un
simple survol de la souris sur les différentes parties de
cette mappemonde, le visiteur peut pénétrer dans les quatre
sphères de La Divine Comédie : L'Enfer, Le
Purgatoire, Le Paradis (divisé en deux espaces : le
Premier et le Deuxième Paradis). La navigation à l'intérieur
de chacune de ces sphères se fait ensuite à partir de cartes
représentant les multiples niveaux - ou « cercles » dans la
terminologie dantesque - qui les composent. Cette cartographie
graphique très détaillée permet au visiteur de se repérer d'un
seul coup d'œil dans le dédale du labyrinthe de Dante.
Dans chacun de ces « cercles », de petites icones avec des
vues miniatures des œuvres de Liagatchev permettent à
l'internaute d'accéder aux vues agrandies des tableaux de
l'artiste russe avec, en regard, les extraits en français de
La Divine Comédie. Les concepteurs de ce site ont
réussi à allier qualité de la reproduction des œuvres et poids
réduit des fichiers images, d'où une relative rapidité
d'affichage des tableaux à l'écran.
La dimension pédagogique n'est pas non plus négligée.
Lorsque l'on clique sur l'un des nombreux mots ou lieux de
l'univers dantesque, de petites fenêtres apparaissent avec une
explication en quelques lignes du mot ou du lieu concerné. Le
voyageur égaré peut ainsi à tout moment savoir ce que
signifient des termes comme « Premier cercle », « Vallée
des hommes de pouvoir », « Sphère de feu », etc.
Un seul conseil avant de se lancer dans ce voyage en Enfer
: il faut avoir un peu de temps libre devant soi pour pouvoir
explorer tous les recoins de ce monde complexe né de
l'imagination d'un poète italien du XIIIe siècle et admirer en
toute quiétude les tableaux d'un peintre russe du XXe siècle.
Et, au terme de cette visite virtuelle, l'internaute aura
peut-être envie de se replonger dans la lecture de La
Divine Comédie. Cela serait sans doute la plus grande
réussite pour cette première expérience de l'Unesco en matière
de nouvelles technologies : inciter les visiteurs de ce site
Internet à découvrir ou redécouvrir la version papier
originelle de l'œuvre de Dante, en marquant ainsi la
complémentarité entre les différents supports, l'électronique
et l'écrit.
Cristina Marino
Né en ex-URSS en 1942, Vladimir Liagatchev vit et
travaille à Paris après avoir fait ses études d'art à
l'Institut des beaux-arts Moukhina de Saint-Pétersbourg, à
l'Institut des arts graphiques et polygraphiques de Moscou, à
l'Ecole nationale des beaux-arts de Paris. Il a participé à de
nombreuses expositions personnelles et collectives à travers
le monde et obtenu plusieurs prix pour ses œuvres.